L’écriture de Koffi Kwahulé se joue des codes et des conventions théâtrales. Dans Nema, les répliques ne sont pas distribuées et toutes les didascalies sont accompagnées d’un “peut-être”. Cette indifférenciation des propositions permet à tout moment un flottement, une indécision.
Cette marge d’incertitude est pour moi tout l’intérêt de l’écriture de Koffi Kwahulé. C’est ce qui en fait une écriture d’aujourd’hui, par les thèmes qu’elle aborde, mais aussi parce qu’elle s’écrit ici et maintenant en même temps qu’elle s’énonce.
Cette écriture s’inspire du jazz, c’est une langue syncopée, charnelle et qui fait appel à l’improvisation. Elle nous met dans une situation d’écoute particulière, mais elle permet aussi d’être toujours en décalage, d’aller contre les stéréotypes et les réponses toutes faites, de faire de l’étonnement, de l’inattendu, le moteur du jeu.
La pièce réunit six personnages, quatre femmes et deux hommes. Tous sont soumis à une forme de violence, violence physique ou psychologique, domination, perversion, harcèlement. Et aucun milieu social n’échappe à la violence faite aux femmes. Nema est « domestique » chez Idalie et Benjamin. Ces deux femmes que rien ne rapproche ont pourtant un point commun : elles subissent toutes les deux la violence de leur mari – d’une manière évidente et donnée presque d’emblée pour Nema, d’une façon plus cachée et perverse pour Idalie. Malgré leurs différences, une véritable complicité va s’instaurer entre les deux femmes, complicité qui va les mener jusqu’à la tragédie finale.