Armelle Héliot,

Le Figaro

« Le sens du jeu et de la beauté. 

Rien de plus heureux au théâtre que d’assister à l’éclosion de talents neufs. Ici, il s’agit d’un groupe de jeunes musiciens et comédiens, la compagnie Air de Lune, qui, sous la férule imaginative de Marie Ballet et Jean Bellorini (lui, à la baguette, est aussi chef d’orchestre) propose un spectacle vif, enjoué, fluide, beau, tout plein des grâces et de la magie de la machine théâtrale même.

Dans la belle salle de la Cité universitaire, ils nous proposent un acte de L’Opérette imaginaire de Valère Novarina. Un texte difficile et jubilatoire dont ils distillent tous les sucs avec intelligence. Ils sont doués, drôles. Ce sont de très fortes personnalités.

Ils ont compris ce qu’il y a de forain dans l’univers de Valère Novarina. On est toujours un peu du côté du cirque dans ses écrits, et l’opérette, ici, est un objet impur, déglingué, comme le décor, comme le mélange des musiques et le jeune Bellorini qui possède une belle présence, en plus de ses talents de metteur en scène et de chef.

Cela chante, danse, joue, propose des numéros, soliloque, dispute, cela choit ou s’envole, cela disparaît ou insiste, c’est l’acteur « novarinien » dans sa cocasserie et ses peurs, les rires qu’il provoque, les larmes ou les cris qui le secouent.

C’est superbe et drôle, avec quelques images sublimes, comme cette neige de théâtre qui ressemble à des bulles de savon qui n’en finiraient pas de scintiller en un rideau irréel… Bravo ! »

(19-20 janvier 2008)